La Bardane:

arctium

Étant donné que j’ai l’honneur de porter son nom, il a été de mon devoir d’écrire ma première page plante sur la Bardane !ou plutôt devrais-je dire, LES Bardanes.

 

Il faut avant tout préciser que l’on connait surtout deux Bardanes sous nos latitudes : arctium minor (la petite bardane) et Arctium Lappa (la grande bardane). En réalité il en existe 5 espèces (se rajoutent arctium tomentosa, artium nemorosum et arctium pubens) très proches en France. Mais ne vous inquiétez pas, des confusions entre elles ne portent pas de grand préjudice.

 

qui est-elle?

Les bardanes sont des plantes bisannuelles où la racine (qui peut atteindre un mètre de profondeur) se développe la première année avec une rosette de feuille et qui atteindra l’année suivant jusqu’à la taille d’un homme. Apparaissent alors de solide tige velues et cannelées. Les feuilles alternes et légèrement ovales sont piquantes à leurs extrémités. Les grandes feuilles s’espacent et s’amenuisent au fur et à mesure de la croissance, comme pour laisser davantage de lumière aux fleurs. Elles possèdent un feutrage sous la feuille qui permet de la reconnaitre de manière formelle lorsqu’elle est en feuille.  

 

Elles font parties de la famille des astéracées, reconnaissable par leurs capitules violettes (regroupement de plusieurs fleurs donnant l’illusion d’une unique fleur, comme la pâquerette) dont les bractées se termine par des petits crochets les rendant redoutablement attachant !  Vous êtes sans doute plus d’une fois revenu de sortie dans les bois recouvert de ses petits monstres indétachables. George de Mestral, n’a n’y plus ni moins recopier ce stratagème pour inventer ses fameux velcro. C’est grâce à cette ingéniosité qu’elles sont devenues expertes en zoochorie (dissémination par les animaux) et que les bardanes se retrouvent sur toute la planète !

 

 

 

 

La Bardane apprécie la proximité des humains, et, comme la marrube ou l’ortie, affectionne les sols riches en nitrate mais aussi lourds, caillouteux et mal drainés. Gérard Ducerf note que « c’est une plante structurant qui stimule la vie microbienne du sol et la végétation ».

 

 

Dans cet article on se penchera essentiellement sur la grande Bardane, a qui l’on prête les plus grande propriétés médicinales (et culinaire !).

avant tout, un peu d'histoire

Elle porte de nombreux autres noms :  Chou d’âne, herbes aux teigneux, Bardane officinale (pour la grande Bardane), herbes aux pouilleux, herbes aux seigneurs, glouteron qui en disent long sur les différents emplois qu’on en faisait.

 

 

Le lien entre la (les ?) Bardane et l’homme est très anciens. Les hommes préhistoriques la cultivaient sans doute sur les bords des chemins (des traces de consommation date du mésolithique !) et elle fait partie des plus anciennement utilisée en ethno médecine. Il n’est pas difficile de remonter sur certain de ses haut fait médicinales dans une histoire plus récente.

 

Charlemagne la préconisait dans le capitulaire de Villis dans les jardins de tous les seigneurs. Un peu plus tard, au moyen âge on la retrouve dans la pharmacopée de sainte Hildegarde sous le nom de « cletta ». Elle utilise cependant très peu la racine et préconise les feuilles, ce qui diffère de l’utilisation actuelle. Au XVI siècle, l’utilisation de la Bardane prend un nouvel essor car elle permet de soigner le roi Henri III de la syphilis (grande vérole). Dans les années 1700, un médecin-botaniste, John Hill, se soigne de la goutte grâce à cette même plante (ce qui ne l’empêchera pas d’en mourir 16 ans plus tard)  

 

qu'en est-il aujourd'hui? les propriétés médicinales de la bardane

On sait que la Bardane contient principalement une huile essentielle, des vitamines du groupe B et des minéraux : calcium, fer, potassium, sodium, magnésium, phosphore. Mais c’est surtout l’inuline fortement antibiotique qui intéresse actuellement.

 

C’est un des remèdes à avoir toujours sous la main dans la pharmacopée traditionnelle et familiale tant ses propriétés sont grandes.

 

 

C’est avant tout une excellente dépurative, ce d’autant plus qu’elle élimine les toxines et protégeant des irritations que peut provoquer une telle élimination. Mais elle est aussi antivirale et anti microbienne puissante, tonique fortifiante, antivenimeuse, digestive, vulnéraire … elle traite aussi les infections aux métaux lourds.

 

 

Oui d’accord, mais pour quoi faire ?

 

 

Sa cote actuelle est essentiellement pour stimule la repousse des cheveux (et éviter leur chute) ainsi que pour soigner l’acné et les furoncles. Mais on est loin de la multiplicité des emplois que l’on peut en faire.

 

Elle sera ainsi efficace sur un grand nombre d’affection cutanée (dartre, exéma, psoriasis, abcès, rougeole, scarlatine…), pour les troubles rhumatismaux (ainsi que la goutte), sur les affection pulmonaire (bronchite, rhinopharyngite, …), les infections des gencives, les morsures de serpent (à défaut d’un centre anti venin à proximité), les piqures d’insectes, les gonflements…. Et j’en passe.

 

 

Pour la petite anecdote, en chine les médecins la prescrivent pour des problèmes de concentration (« yang ») : sang chargé, diabète, hypertension…

 

la bardane en culinaire?

La Bardane est aussi sans conteste un de nos légumes sauvages oubliés les plus anciennement utilisé. Les japonais cultivent encore une variété améliorée et en consomme encore fréquemment. La racine à un gout très doux se rapprochant des artichauts si l’on prend soin bien évidement de ne pas utilisé celle qui sont montée en feuille qui seront devenues bien trop fibreuse (une idée de brosse à dents naturelle ?).

 

 

 

On peut ainsi les peler et les faire revenir à l’eau puis poêlé par exemple pour le plus grand plaisir des papilles. A moins que vous ne les préfériez en rémoulade ? On peut aussi utiliser les jeunes feuilles en pesto (attention, les grandes feuilles deviennent très amères !). Les graines peuvent aussi offrir une huile végétale au gout relativement neutre mais cela va vous demander beaucoup de patiente. Mais comme on sait, quand on aime, on ne compte pas !

 

récolte de la bardane, quand, comment?

A des fins médicinales, il est préférable de l’employer toujours fraiche, mais c’est les racines de la deuxième année qui seront récoltées pour la conservation. On prendra soin de couper en tranche fine les racine et de les disposer dans un endroit sec et bien aéré. Elles seront par la suite utilisables en infusion ou en macérat. Ne pas oublier aussi la réalisation de Teintures Mère !

 

encore un peu de magie

La Bardane à joué un rôle essentiel dans les recettes de sorcières (et aussi des charlatans) : ainsi en Bretagne, quelque goutte de suc avec de l’eau de bénitier suffisait à vous apporter une protection renforcée (et oui, l’Eglise et les croyances populaires n’ont pas toujours été en porte à faux !). Dans la même veine, en Grèce, l’on procédait à un rituel étonnant comme le rapporte Angelo de Gubernatis (La mythologie des plantes, Tome 2, p. 34) : « L’homme frappé par l’aërico [un démon de la forêt] se soigne à l’aide de la bardane. On trempe du pain dans le vin, et on le répand sur la bardane aux larges feuilles. En même temps, les prêtres, par la lecture de l’Évangile, doivent exorciser le diable ». La bardane rentrera aussi dans le cortège des plantes que l’on jetait au feu lors de la cérémonie de la Saint Jean, pour se prémunir, dit-on, de l’Orage.

 

Pline indiquait bien avant cela quelle était une des plantes préférées des Druides (pour quoi faire, je n’en ai pas percé le mystère !)

 

sources:

LIEUTAGHI P., Le livre des bonnes herbes, actes sud, 1996.p.109

PALAISEUL J., Nos grand-mères savaient..., le livre de poche, 1980 p. 83

DUCERF G., l'encyclopédie des plantes bio-indicatrice alimentaires et médicinales, volume 1, édition promonature p.93

FERRIS P. , Les remèdes de santé d'Hildegarde de Bigen, Les recettes de la première véritable phytothérapeute moderne , poche marabout 2002 p.45

CRETON A., CHABER L., plantes de santé, baumes et tisanes, découverte séquoïa, p. 44